Usine à lisier d’Escoubès
Article mis en ligne le 1er juin 2007
dernière modification le 3 février 2012

Lors du CODERST du mois de mai 2007 le projet d’unité d’épuration collective de déjections animales et autres déchets organiques pour la production d’électricité par méthanisation à Escoubès était présenté pour avis. Lors de la dernière enquête publique en août 2006 nous avions émis un avis défavorable à ce projet. Celui-ci a été envisagé à l’origine pour résoudre les difficultés engendrées par la densité d’élevages hors-sol (canards, porcs) et pour diminuer les nuisances occasionnées par les odeurs ainsi que les pollutions des sols et nappes phréatiques par l’épandage des lisiers.

Les porteurs du projet de la station de méthanisation, la SARL Elevage-Energie-Environnement (3 E) (« air pur »), mettent en avant l’effet bénéfique du projet sur l’environnement : ils indiquent que le fait d’apporter le lisier à la station au lieu de l’épandre devrait permettre une diminution des nuisances olfactives, une diminution de l’émission de gaz à effet de serre (le processus au sein de la station de méthanisation doit générer moins de gaz à effet de serre que la décomposition du lisier sur un champ), et des pollutions azotées sur le bassin versant du Gabas.

Mais pour nous certaines conditions n’étaient pas remplies pour que nous donnions un avis favorable :

  • un projet mal situé géographiquement dans un secteur à risque lié à la présence du barrage du Gabas et l’insuffisante prise en compte du risque de rupture de celui-ci, il est établi par l’administration que le lieu d’implantation de cette usine n’est pas judicieux,
  • Des voies routières inadaptées à recevoir un trafic supplémentaire de 50 camions par jour,
  • Pas de certitude concernant la limitation du nombre d’élevages industriels. Nous en concluons que l’une des conséquences de ce projet sera de libérer des terres pour l’épandage de nouvelles quantités d’effluents d’élevage et qu’il encouragera l’implantation de nouvelles unités de production industrielle de canards ou de porcs.

Nos craintes sont justifiées. La note présentée par la DSV (Direction des Services Vétérinaires) indique que les porteurs de projet n’ont pas fait de proposition précise permettant de garantir la diminution des épandages. La DSV a pu constater qu’il existait des projets d’agrandissement d’élevages hors sol qui misaient sur un envoi du lisier à la station. Certains éleveurs d’élevages de veaux qui ne sont pas aux normes répondent aussi que la solution sera l’envoi à la station comme réponse suffisante en matière de protection de l’environnement.

Le milieu récepteur qui est le Gabas est classé en « risque de non atteinte du bon état écologique » au titre de la directive cadre sur l’eau, en raison de sa teneur trop élevée en azote et en phosphore. Ce qui nécessitera une surveillance accrue de l’ensemble des installations qui rejettent dans ce cours d’eau leurs eaux épurées.

Pour notre part nous considérons que pour éviter d’avoir à recycler de nouvelles matières polluantes, il est nécessaire de produire propre en encourageant les productions labellisées élevées en plein air ou de « porc biologique » selon les caractéristiques suivantes pour rappel ou information :

Le porc label rouge  : litière obligatoire, truies élevées en groupe durant la plus grande partie de leur gestation, accès plein air à 17 semaines (élevé en plein air : 83 m2/animal, élevé en liberté : 250 m2/animal), transport limité à 200 km ou 6 heures maximum, abattage à 26 semaines révolues.

Le porc biologique : Truies élevées en groupe durant la majeure partie de leur gestation, litière obligatoire, accès à un pâturage, à une aire d’exercice en plein air ou à un parcours extérieur (l’espace dont dispose chaque animal varie selon l’âge et le poids), pas de limite de la durée de transport, abattage à 26 semaines révolues pour les porcs charcutiers.

Jacques MAUHOURAT