Ce vendredi 11 décembre 2009, la Communauté d’Agglomération de Pau vote un crédit pour une étude d’autoroute 2x1 seule voie dite Pau-Oloron mais en réalité Poey de Lescar-Gurmençon. Les élus « de
progrès » souhaitaient une étude globale sur tous les modes de déplacement. Ils y renoncent ! Ils se retrouvent volontiers piégés et consentants dans le vieux projet de la CCI : le tout goudron. À l’heure de Copenhague, ils retardent d’un siècle !
UN PROJET ABERRANT : annulé en juin 2008 par le Grenelle, le projet est relancé par des élus à court d’idée au moment où l’objectif est de diviser par quatre les gaz à effet de serre (GES) ! Nos élus souffrent d’un dédoublement de la personnalité : ils sont tous « pour Copenhague ». Mme Lignières-Cassou, Députée-Maire de Pau, dénonçait spontanément avec conviction son opposition aux autoroutes qui aggravent le mitage pavillonnaire et les GES. C’était au colloque transport qu’elle subventionnait le 26 Novembre dernier ! Mais tous ces politiques pratiquent le contraire de ce qu’ils disent au nom d’une prétendue « politique de proximité ». Et Mr Rousset avance 500000 euros en proclamant très haut qu’il est contre cette autoroute ! Le Préfet, en charge du Grenelle accepte de reporter des crédits de sécurisation de la RN134 au profit d’un projet irréfléchi.
UNE ÉTUDE BIDON : Le rapport de F. DUPIN de février 2009 est monstrueux car il exclut d’emblée toute autre solution. Il est le contraire d’une vue d’ensemble. II refuse de voir que le problème N° 1 c’est Pau-Gan, c’est la Vallée d’Ossau, c’est les 12 000 véhicules/j de la RN134 pour laquelle on a l’habitude de détourner les crédits de sécurisation. Il oublie de dire que de Pau à Poey de Lescar il faut déjà 25 min pour en glaner 10 ensuite avec un péage coûteux. Il allègue que ce projet n’a rien à voir avec l’axe E 07 stoppé par le Grenelle.
C’est faux. Pas un mot sur la balafre de béton-goudron à travers les coteaux viticoles de Lasseube, rien sur les GES !
Plus grave, ce rapport, avec ses pseudo-évidences, c’est l’engrenage fatal. Les élus vont donc voter une ÉTUDE DE CONSTRUCTION, coûteuse, 4 millions, sans avoir réfléchi aux besoins réels des usagers béarnais, sans tenir compte de la modernisation programmée du rail : Pau-Oloron : 30 min de centre-ville à centre-ville en décembre 2010, avec navettes cadencées et arrêts aux gares de parking intermodaux. La solution « Dupin » n’est pas la seule ! L’ÉTUDE GLOBALE DES DÉPLACEMENTS EN BÉARN reste à faire et à voter ! Ensuite, devant plusieurs hypothèses, les choix se feront.
LE COUT DE CE PROJET AUTOROUTIER EST EXORBITANT : Mr Dupin prétend ramener ce projet chiffré à 400 millions d’€ en 2007 à seulement 285 M€ en 2009. Qui peut le croire ? Les raisons économiques sont invoquées à tort et à travers par des élus qui n’ont jamais levé le petit doigt lorsque la SNCF a supprimé la gare de marchandises de Pau ou encore la ligne Buzy-Arudy qui acheminait les bobines d’acier chez Laprade. Voila des élus prêts à financer 300M€ mais incapables de trouver l00M€ pour le tronçon ferroviaire Canfranc-
Bedous par lequel Saragosse et Valence apporteraient beaucoup plus à l’économie ! De tels élus qui misent sur le tout goudron torpillent en fait la modernisation de la voie ferrée Pau-Oloron (30M€ investis en 2010) et Oloron-Bedous (35M€ en 2011). Pas un € n’a été apporté par les collectivités du Béarn.
Ce projet est monstrueux, aberrant : il révèle un manque total de débat et de réflexion chez nos élus comme dans les partis politiques : il y a là un suivisme affligeant. Les élus de progrès, faute de programme, s’inclinent une fois de plus devant les chimères libérales de la CCI. II faut d’URGENCE réorienter ce projet d’ailleurs non conforme aux lois (LOTI, Grenelle, E07 tronçonné, etc.) vers une étude globale de la desserte des territoires du Béarn, en fonction de l’espace, du temps gagné, des modes de transports et des vrais enjeux du 21° siècle : l’emploi, la santé, l’environnement.
Alain Cazenave-Piarrot , Président du CRELOC (Comité pour la REouverture de la Ligne Oloron-Canfranc)
Michel Rodes, Vice président SEPANSO-Aquitaine (Société de Protection de la Nature dans le Sud-Ouest)