Dans les années 1950, la diminution du nombre d’ours entraîne l’interdiction de sa chasse, puis les premières mesures de protection avec en 1967 la création du Parc National des Pyrénées Occidentales.
Hélas, dès cette époque, et les limites de la zone centrale du Parc National en sont l’illustration, la protection de l’ours passe au dernier plan, loin derrière les considérations cynégétiques. Jamais, les zones vitales de l’animal ne seront protégées des activités humaines les plus perturbantes, notamment, la chasse et l’exploitation forestière.
Les destructions par braconnage ou empoisonnement et les atteintes au biotope de l’animal provoquent encore dans les années 70 une accélération de son déclin.
Les combats de la SEPANSO contre l’urbanisation du vallon du Soussouéou ou du FIEP pour l’indemnisation des bergers tentent de limiter les causes de la disparition de l’ours. Mais au début des années 80, sur la quinzaine d’ours subsistant à l’ouest des Pyrénées, deux femelles disparaissent mettant fin aux observations annuelles d’oursons.
Au tout début des années 90, le noyau d’ours des Pyrénées centrales s’éteint et l’on sait désormais en Béarn qu’un redressement démographique passe par un renforcement de sa population.
La gravité de la situation fait réagir l’État qui pour la première fois décide de mettre en réserve de chasse un certain nombre de sites vitaux de l’ours : ce sont les fameuses zones Lalonde du nom du ministre de l’environnement de l’époque qui ose imposer ainsi une réglementation.
Mais les élus locaux organisent la contestation et finissent par obtenir de l’État qu’il leur délègue la « protection » de l’ours : c’est chose faite le 31 janvier 1994 avec la signature de la « Charte de Développement Durable des Vallées Béarnaises et de Protection de l’Ours » et la création de l’Institution Patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB) chargée de la mettre en œuvre.
Il ne reste à cette date sur l’ensemble des Pyrénées que 5 à 6 ours dont deux femelles, tous repliés en Haut-Béarn.
Après avoir rappelé son opposition à la voie choisie par l’État pour gérer le dossier ours et ses craintes de voir les élus locaux laisser pourrir la situation, la SEPANSO accepte de participer malgré tout aux travaux de l’IPHB qui engage rapidement un projet de renforcement.
En décembre 1996, l’IPHB prévoit de réintroduire deux femelles, mais le projet finira par capoter en 1998 au prétexte que le gouvernement français veut proposer les zones à ours béarnaises comme site « Natura 2000 ». Une fois de plus, les considérations politiciennes des élus locaux l’emportent sur la protection de l’ours.
Dès lors, la SEPANSO-Béarn manifeste régulièrement son hostilité envers l’IPHB qui laisse tomber la protection de l’ours mais pas le développement des vallées béarnaises.
C’est en Pyrénées centrales que la réintroduction de trois ours, deux femelles en 1996 et un mâle en 1997, est finalement réalisée.
Tandis que ces animaux et leur descendance essaiment sur le massif, envoyant même un jeune mâle en Béarn, la population d’ours autochtone s’étiole.
En 2004, alors que l’IPHB recompte une énième fois ses ours, l’ultime couple des vallées d’Aspe et d’Ossau disparaît : le grand mâle « Papillon » meurt de vieillesse tandis que sa compagne est abattue par un chasseur aspois.
Ainsi s’achève l’extermination de la souche pyrénéenne d’ours, sous la houlette d’une Institution patrimoniale et de son président Jean Lassalle pourtant chargé de la restaurer.
Après avoir dénoncé si longtemps mais hélas vainement les agissements de Jean Lassalle et de son Institution, la SEPANSO-Béarn dépose auprès de la commission européenne une plainte contre l’État français et le Syndicat Mixte du Haut-Béarn, (organe décisionnel de l’IPHB) pour extermination de l’ours brun.
Ultime preuve du rôle pervers de cette institution pourtant chargée de convaincre les populations locales de la nécessaire cohabitation entre l’ours et les activités humaines, le Béarn est le grand oublié du plan de réintroduction de 5 ours annoncé par la ministre de l’écologie Nelly Ollin en mars 2006 : aucune commune ne s’est, en effet , portée volontaire pour accueillir un ours.
Désormais, la SEPANSO-Béarn demande à l’État de déclarer caduque la charte de l’IPHB et de dissoudre celle-ci.
Elle œuvre aussi pour qu’une réelle protection soit offerte à l’ours dans les Pyrénées : les sites vitaux de l’animal doivent être interdits aux activités humaines perturbantes (chasse, tourisme, exploitation forestière)
Crédit Photo : Vincent Munier Photographie Nature Environnement www.vincentmunier.com