Un exemple de projet passé en force, au mépris des principes démocratiques fondamentaux de débat, de transparence et de respect des procédures légales.
La construction de l’autoroute Langon-Pau a été décidée sans recours à la Commission nationale du débat public, qui doit pourtant être saisie depuis 2002 pour les projets autoroutiers de grande ampleur tels que l’A65.
En l’absence d’une telle procédure, les associations s’opposant au projet ont eu les pires difficultés à faire entendre leurs arguments et la faisabilité d’un aménagement sur place de la route existante n’a pas été étudiée par les services de l’État. En lieu et place de ce débat dont l’organisation garantit une juste répartition de la parole, une concertation a été organisée au printemps 2005, conduite par les services de l’État et les élus favorables au projet.
Le projet d’autoroute a donc été sans surprise retenu et présenté à enquête publique. La composition de la Commission a fait planer nos doutes sur sa légitimité et son impartialité. Son président avait des relations professionnelles (conseiller technique) avec la chambre de commerce et d’industrie de Pau, un des plus fervents lobbyistes en faveur du projet ; un de ses assesseurs était ou avait été membre de l’association Béarn Adour Pyrénées, émanation de la même CCI qui a fait du militantisme pro-A65 une de ses principales activités.
Sans surprise, la commission d’enquête a émis un avis favorable au projet.
L’absence de transparence a été marquée également par un refus systématique des services des collectivités territoriales (particulièrement de la région Aquitaine) et de l’État (malgré les promesses des services de M. Borloo) de communiquer les documents, théoriquement publics, relatifs au projet. Ainsi, le document central qu’est l’analyse financière du projet, dont la communication aurait permis de mettre un terme au débat sur la rentabilité future de l’autoroute, n’a jamais été communiqué.
Les élus régionaux et départementaux ont ainsi engagé financièrement leurs collectivités dans ce projet sans avoir connaissance de ce document. Aucun recours (CADA, Tribunaux administratifs, Conseil d’État) n’a permis d’avoir accès à ce document, malgré son caractère éminemment public.
Un exemple de manque de vision de la majorité de la classe politique
On ne saurait mieux dire à ce sujet que Jean-Marc Dominici, ingénieur conseil sur les questions énergétiques, interrogé dans Sud-Ouest le 21 décembre 2007 : « Ceux qui décident de la réalisation de l’autoroute Langon-Pau se font des illusions sur ce qui va se passer. Non seulement ce type de projet jette l’argent par les fenêtres, mais il nous entraîne vers de grandes déceptions ! La pauvreté de la réflexion prospective sur le sujet est dramatique. »
L’A65, qui a la particularité d’être fondée sur un pari fou de doublement du trafic routier sur l’axe Langon-Pau entre 2010 et 2020, a en effet la particularité d’avoir été décidée, entre 2005 et 2008, alors que tous les voyants étaient au rouge :
– la réalité du réchauffement climatique
– le prix du baril de pétrole : il a atteint en 2008 près de 150 dollars, augurant à court terme la fin des carburants bon marché.
– une diminution du trafic routier en voiture en France depuis 2003, où il avait atteint son maximum.
Aujourd’hui, l’A65 est construite, les destructions engendrées sont irrémédiables. Toutes les mesures de compensations possibles (en terme de biodiversité ou de carbone), ne masqueront jamais la réalité de ces destructions.
Même s’il s’avère qu’elle est bel et bien inutile, qu’elle va coûter cher aux contribuables que nous sommes, il est trop tard. On ne ferme pas une autoroute comme on ferme par exemple un commerce en faillite !!! La nature détruite ne peut pas être restituée.
Un exemple de gaspillage d’argent public
Un trafic insuffisant ne pourra pas permettre la rentabilité de l’ouvrage et imposera la participation des collectivités. On s’interroge toujours sur les prévisions de trafic : comment prévoir 9200 véhicules/jour très rapidement alors que le trafic sur l’axe existant se situe en moyenne à 7000 véhicules/jour ???
Un exemple d’infrastructure anti-sociale
Le coût du trajet ne rend pas l’A65 accessible à tous. C’est une sécurité privatisée, très chère, trop chère. Situation inacceptable, qui était pourtant annoncée (prévision des tarifs dans l’enquête publique) donc prévisible !
Un exemple de « greenwashing » ou « éco-blanchiment »
L’A65 a été successivement « grenello-compatible », « éco-autoroute », « autoroute verte » ; on a même entendu que l’A65 était la meilleure chance de survie pour des espèces en voie de disparition situées sur le tracé…
La réalité du terrain paraît toute autre. L’A65 déroule du bitume sur 1500 hectares d’espaces naturels, dont 8 zones Natura 2000 contenant une liste impressionnante d’espèces protégées autorisées à la destruction par les services de l’État. Quelles que soient les solutions mises en œuvre (viaducs par exemple plutôt que des passages en remblais pour tenir compte de lieux particulièrement sensibles comme "Les neuf fontaines" à Bostens, dans les Landes), un site naturel traversé par une autoroute, est un site détruit.
Un exemple de mensonge économique
La création d’entreprises pour le développement économique est un leurre : pour preuves les zones d’activités créées ailleurs où l’on assiste à des déplacements d’activités plus qu’à de vraies créations.
Pour le transport des marchandises par camions, le coût du péage est loin d’être incitatif et les camions risquent de continuer à emprunter majoritairement la route classique.
Un exemple du mépris pour les populations traversées
Durant la période de travaux, les familles impactées par le bruit, la poussière, se sont senties bien seules, oubliées, voire ignorées, particulièrement par les principaux responsables, les élus.