L’été 2015 a été marqué par de nouveaux types de pollutions avec des fumées irritantes, provoquant jusqu’à des bronchospasmes. Cela a déclenché des plaintes des riverains, et une réunion de plus de 140 personnes à Abidos. Du jamais vu depuis 1960.
Qu’en est-il actuellement ? Les sources de pollutions ont-elles été identifiées, maîtrisées ?
L’été 2015 a été marqué par de nouveaux types de pollutions avec des fumées irritantes, provoquant jusqu’à des bronchospasmes. Cela a déclenché des plaintes des riverains, et une réunion de plus de 140 personnes à Abidos. Du jamais vu depuis 1960.
Qu’en est-il actuellement ? Les sources de pollutions ont-elles été identifiées, maîtrisées ?
1° POLLUTION D’UN NOUVEAU TYPE.
Depuis 1959, on était habitué à la pollution soufrée. Mais, depuis 2013 de nouvelles odeurs sont apparues accompagnées de gênes, en particulier olfactives, et surtout respiratoires. Nous avions posé le problème sans être réellement entendus en SPPPI [1] en novembre 2014. Il faudra attendre plus de huit mois pour que les services de l’État envoient des experts. Cet été 2015, les odeurs et les gênes deviennent de plus en plus fréquentes, de plus en plus irritantes. Or, en avril 2015, la publication d’un Référé de la Cour des comptes sur « la Gestion publique des mutations de la zone industrielle de Lacq de 2003 à 2013 » [2] pointait déjà des questions d’ordres sanitaires. De nombreuses personnes sont physiquement touchées par des problèmes de santé : boutons et démangeaisons, picotements des yeux, diarrhées, douleurs gastriques, nausées, maux de tête, problèmes respiratoires. Cela va jusqu’aux suffocations et broncho spasmes qui réveillent en sursaut des riverains de Lacq et ses alentours en pleine nuit. Certains doivent quitter leur domicile la nuit pour essayer de trouver un air plus respirable afin de pouvoir simplement dormir. Ces odeurs se font sentir jusqu’à 20 km de Lacq.
2° LA RÉACTION DES RIVERAINS. Les riverains manifestent alors à plusieurs reprises leurs gênes à leurs maires, aux services de la préfecture (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), aux industriels. « Cet été les odeurs se sont accentuées les irritations se sont aggravées, cela fait plusieurs mois que nous ressentions tout cela. Nous n’osions pas en parler ». Les riverains s’interrogent : Est-ce lié au départ de TOTAL le 15 octobre 2013 ? A la mise en place de nouveaux process et de nouvelles usines sur la plate-forme ?
3° CINQ COLONNES A LA UNE. En août démarre un véritable feuilleton médiatique. Conférence de presse des riverains à Lacq le 04/08/15. Conférence de presse de la SEPANSO le 12/08/15 annonçant un dépôt de plainte. Un communiqué de la préfecture [3] du 07/08/15 se contorsionne en propos rassurants en évitant d’utiliser les mots clés qui pourraient fâcher : incinérateurs, torchères. Les odeurs seraient éventuellement imputables à un bac à soufre liquide à l’air libre. A la lecture de ce communiqué du Préfet, le citoyen pourrait croire qu’il existe des « fumées sans feu ». Dans le même communiqué la préfecture écrit que les odeurs perçues ne sont pas toxiques. Or rien n’est dit sur la nature des substances. Ce n’est plus de la science, c’est de la communication. Plus d’une vingtaine de riverains vont déposer plainte auprès de la gendarmerie contre un état de fait inacceptable. Il fallait que la vérité soit connue et que remède soit rapidement trouvé. Les questions sont posées. Les réponses ne sont pas apportées. La formulation d’une réelle et légitime inquiétude a pris le pas sur le discours consistant à rassurer et à dire que les béarnais auraient la « culture du risque ». Les riverains font ensuite une deuxième conférence de presse, ouvrent une adresse mail (arsil@sfr.fr), créent une page Facebook, organisent une première réunion le 04/11/15 qui regroupe 140 personnes (du jamais vu depuis plusieurs décennies sur le complexe). La SEPANSO très présente auprès des riverains y est invitée. Cette réunion aboutit quelques mois plus tard à la création d’une association : Association des Riverains des différents Sites Industriels : l’ARSIL. En septembre la SEPANSO, lance une pétition demandant une étude épidémiologique. Plus de 700 personnes, essentiellement des riverains, la signent sans hésitation. Le malaise des politiques et des services de l’État est palpable.
4° LA TRÈS LENTE RÉACTION DES POLITIQUES ET DES SERVICES DE L’ÉTAT. Il a fallu attendre plus de quinze jours après les différentes plaintes des riverains pour que les services de l’État prennent conscience de l’importance de la situation. De fait, les experts en recherche olfactive bureau d’étude BURGEAP ne seront sur le terrain qu’au mois d’août. Huit mois après l’alerte donnée en SPPPI. Des réunions entre industriels, services de l’État et quelques élus triés sur le volet ont alors lieu à la préfecture. Bien entendu la SEPANSO n’y sera pas invitée, les riverains non plus. Les bonnes habitudes consistant à exclure associations, riverains et personnes politiques marquées écologistes fonctionnent toujours. Pour faire oublier le peu de communication régnant sur ce bassin, trois lettres d’informations sont distribuées de septembre à décembre sur deux ou trois communes par l’ASL INDUSLACQ [4]. En décembre a lieu, comme chaque année, le SPPPI du bassin de Lacq. Cette année l’ARSIL est invitée. Dans son intervention l’association décrit les effets physiques subis par les riverains et insiste sur le fait que le problème n’est pas spécifique à la plate-forme d’INDUSLACQ mais concerne aussi tout le Bassin de Pardies à Mont. Ce SPPPI fut un véritable exercice de communication cherchant à rassurer riverains, associations et syndicats. On nous explique que dès 2009 OP SYSTEM démarra son activité sur le bassin de Lacq. Son objectif ? Diminuer les émissions de SO2 des autres usines grâce à un traitement spécial de leurs effluents soufrés mais également par incinérations des terres polluées et de déchets chimiques. Les moyens mis en place : Les services de l’État et l’ASL communiquent en disant qu’un réseau de sentinelles a été mis en place avec un numéro de téléphone permettant aux riverains d’appeler en cas de gênes (05 59 92 21 02). Une cartographie des appels a été faite, les pompiers sont intervenus plusieurs fois. Certaines installations ciblées ont été arrêtées par intermittence ce qui, par déduction, « a permis d’écarter certaines causes envisagées », mais « sans pouvoir exclure leur éventuelle contribution ». Ceci étant déjà dit dans le communiqué de presse de la préfecture du 16/10/2015 [5]. Les modifications techniques apportées : Deux cheminées ont été rehaussées de 28 à 50 mètres, davantage de gaz a été injecté dans les torches afin de diminuer la pollution (flamme à plus de 700°). Enfin la fosse à soufre a été recouverte suite à un arrêté préfectoral de mise en demeure. Malgré ces modifications, la difficulté demeure sur les sources exactes de pollution. « C’est comme si l’on cherchait le contenu d’une cuillère à café dans une piscine olympique » dit un ingénieur. Rien n’est dit sur la nature des polluants. L’effet cocktail n’est toujours pas pris en compte. Aujourd’hui l’odeur de plastique brûlé diminue ce qui pourrait s’expliquer par l’amélioration des torchères. Malgré cela des odeurs et les irritations persistent. La population continue à vivre dans un épais nuage de fumées et de particules diverses souvent non identifiées.
CONCLUSION : Une pollution et une toxicité "règlementaires". La réalité chimique reste inconnue : Ni les services de l’État, ni les industriels ne sont en mesure de nous dévoiler le détail du cocktail des substances respirées. L’Agence Régionale de la Santé persiste dans son refus de reconnaître un problème de santé publique sur le bassin de Lacq y compris lors de la présentation du Comité Local de Santé le 26/11/015 à Mourenx. Ce comportement n’est pas nouveau. Nous l’avons déjà vu lors de l’important problème sanitaire du Collège d’Artix. Ce fut aussi le cas dans d’autres régions : les Cévennes par exemple [6].
Les contradictions de l’État s’aggravent : L’État s’abrite derrière les règlements : il devient de plus en plus difficile pour les services de l’État de se réfugier derrière le fait que tout serait réglementaire, que les normes seraient respectées. En vérité, les lois sont simples : l’industrie n’a pas le droit de porter atteinte à la santé publique. L’État porte, sur ce point, une lourde responsabilité. Les effets cocktails, de synergie, ne sont pas pris en compte. Et pourtant, trois équipes de recherche associant des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) à Montpellier démontrent, pour la première fois sur le vivant, les effets dévastateurs, perturbateurs, inflammatoires et cancérigènes de molécules qui prises séparément ne sont pas toxiques mais qui en s’additionnant ont un impact désastreux sur le vivant. Des milliards de combinaisons sont possibles. Il s’agit de molécules que nous respirons ou ingérons (pesticides, plastifiants...) [7] . Le lien est ainsi fait avec l’explosion de nouveaux types de maladies (dégénératives, obésité, diabètes, problèmes endocriniens, stérilité, etc.). Transparence et remédiation : la SEPANSO reste constructive. Certains élus, faute d’oser défendre la santé de leurs administrés et de faire front vis-à-vis des industriels nous accusent d’être « contre l’emploi ». La SEPANSO n’a jamais été pour la fermeture des usines. Il n’est simplement plus possible de nier la réalité, de vouloir la cacher. Il est indispensable que les citoyens soient informés des conséquences environnementales de l’activité industrielle, que la réglementation soit respectée, que personne n’ait plus à choisir entre santé et emploi, que ces problèmes de pollution soient enfin traités. C’est une question de santé publique mais aussi d’attractivité économique. D’après ce que l’on nous a dit, l’été 2015 fut le plus chaud en Béarn depuis 1945. Ce Béarn dont on connait les paysages de cartes postales : Sauveterre et ses remparts, Navarrenx et sa bastide, Orthez et sa tour, Salies et ses thermes sans oublier Pau, son château, son boulevard avec cette magnifique vue sur les Pyrénées, son pic du midi d’Ossau. L’été 2015 fut certes chaud mais également gâché par des odeurs devenues insupportables sur le bassin de Lacq et ses environs. Il est urgent de prendre conscience que, au delà des graves problèmes sanitaires posés, les problèmes de pollutions peuvent également porter atteinte à la renommée de Pau, d’Orthez et au Béarn dans son ensemble et à son attractivité.
Le 12/02/16 SEPANSO 64 Notes
[1] Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions et des risques Industriels. Instance consultative regroupant industriels, services de l’État, élus, syndicalistes, associations environnementales
[2] http://www.sepansobearn.org/spip.ph...
[3] http://www.sepansobearn.org/IMG/pdf...
[4] ASL ou Association Syndicale Libre (ASL INDUSLACQ), est une association qui regroupe une vingtaine d’industriels sur la plate forme de Lacq
[5] http://www.sepansobearn.org/IMG/pdf...